Les fleurs de Bach, des alliées pour la transformation ?
Notre chemin de transformation est jalonné de moments de souffrance et c’est parce que nous souffrons que nous souhaitons changer, nous transformer. La souffrance (duhkha) est largement abordée dans le Yoga Sutra de Patanjali (chapitre II). Le premier pas du discernement, de la clairvoyance est d’ailleurs de reconnaître sa souffrance (YS II 15), car on peut très bien passer sa vie à l’ignorer, à l’occulter (même pas mal !..) ou à penser que le malaise vient des autres.
Le Yoga Sutra nous dit que la souffrance est causée par les tourments, les afflictions (klesa). Je rapproche cette notion de notre terme « émotions », bien qu’il n’y ait pas une totale équivalence. À mon sens, en ce qui concerne la peur, le rejet ou la colère, et aussi le lien que fait Patanjali entre les afflictions, les actions auxquelles elles nous conduisent et les retombées inconscientes qui gisent en nous, et suscitent de nouvelles afflictions (YS II 12), il y a bien là matière à rapprochement. Dans le Yoga Sutra, l’origine de duhkha est une mauvaise relation, une confusion entre différentes parties de nous-mêmes : la partie profonde (ou « le fond de nous-mêmes ») et la partie superficielle (notre « moi ordinaire »), autrement dit le « je suis » et le « je suis quelqu’un », la personne et la personnalité. Le travail du yoga nous amène à éclaircir cette relation, à sortir de la confusion, source de souffrance, pour aller vers le discernement.
Ce thème m’a donné envie de vous parler des fleurs de Bach dans le sens où elles pourraient nous accompagner sur ce chemin.
Leur découverte :
Elle est due à un jeune médecin anglais né en 1886, le Dr Edward Bach, passionné par l’homéopathie et les techniques alternatives de médecine et très sensible à la nature. C’est à la suite de graves problèmes de santé qu’il expérimenta sur ses propres émotions les premiers élixirs. Puis sa recherche s’affina et vers 1930, il décrivait les 38 fleurs qu’il classa en 7 groupes d’états émotionnels.
Il en décrivait la préparation par des techniques suffisamment délicates pour en conserver le pouvoir vibratoire. En effet c’est par des canaux subtils que la vibration de la fleur peut venir se superposer à l’état émotionnel de la personne et la faire revenir à un état plus équilibré, plus harmonieux et confortable.
Qu’entend-t-on par émotion et état émotionnel ?
Le terme émotion (du latin : ex movere) signifie « mouvement vers l’extérieur », mouvement qui répond à un impact, une sollicitation. En tant que telle, l’émotion nous est absolument nécessaire. C’est une forme d’énergie qui est mise en circulation, une manifestation de la force de vie. Elle représente notre dynamisme, notre façon « d’être au monde », de prendre et d’assumer notre place. Ce qui pose problème, c’est lorsque la circulation de cette énergie est empêchée ou mal canalisée.
Par exemple, lorsque l’énergie « colère » ne peut s’exprimer au niveau vocal ou gestuel, elle reste à l’intérieur et tourbillonne sans trouver d’exutoire. Cela crée un « état émotionnel figé », une sorte d’arrêt sur image, le mouvement se rigidifie. Ou alors, lorsque cette énergie s’exprime de façon décuplée, énorme, par rapport à l’objet qui l’a déclenchée, elle produit un comportement problématique, souvent répétitif, incompréhensible pour l’entourage. Ces états émotionnels s’enkystent dans le corps et génèrent toutes sortes de somatisations et de souffrances.
C’est sur ces états de rigidité qu’agissent les fleurs de Bach.
Je propose de regarder ces états émotionnels dans le sens où ils concernent la relation que nous entretenons avec nous même, avec la partie profonde de notre être ou avec l’extérieur, les autres, les événements, la réalité… et, à travers quelques exemples, faire un parallèle avec ce que nous enseigne le yoga.
Les différents états sont nommés de la façon suivante :
1 Peur
2 Doute, incertitude
3 Indifférence, manque d’intérêt pour le présent
4 Solitude
5 Hypersensibilité aux influences d’autrui
6 Abattement et désespoir
7 Préoccupation excessive d’autrui
Dans le groupe 1, ROCK ROSE (Hélianthème) agit sur les états de terreur, de frayeur extrême, lorsque la personne est paralysée, glacée jusqu’à la moelle, en état de panique ; cela peut être causé par un choc bien identifié (accident, attentat) ou un événement à venir (accouchement) ou bien avoir une origine beaucoup moins évidente, lorsque les événements vécus résonnent sur une peur ancienne, archaïque et qu’ils déclenchent une réaction démesurée.
MIMULUS (Muscade) agit sur des peurs ou phobies concernant les choses ordinaires de la vie : peur enfantine, peur de vieillir, peur du manque, du vide, de la foule, du noir, peur de parler en public, trac…
Dans le Yoga Sutra, la peur (abhinivesa, YS II 9) fait partie de nos tourments ou afflictions. C’est la peur du changement, de l’inconnu, de sortir des habitudes, peur de disparaître … déclinaisons de notre peur fondamentale de la mort. Elle touche l’ego, le « moi ordinaire », cette partie de nous même qui se sent en perpétuel danger et a grand besoin de se protéger. Mais il est dit aussi que la peur est présente même chez le sage ; elle est donc profondément enracinée en nous et fait appel à des mécanismes archaïques transmis de très loin dans nos racines. Prendre conscience de ces mécanismes, regarder l’emprise de l’ego, par l’observation, la méditation est le travail de base proposé par le yoga.
Les groupes 2 et 6 touchent aussi la relation à soi : CERATO (Plumbago ou « dentellière du gap ») du groupe 2, agit sur la personne qui a perdu le contact avec sa voix intérieure. Ne faisant pas confiance à son jugement, elle demande et redemande l’avis des autres, imite les gens qu’elle admire, suit des modes et se perd dans ses choix de vie. La fleur de plumbago l’aidera à s’ancrer plus justement à l’intérieur d’elle-même.
SWEET CHESNUT (Châtaignier) du groupe 6 agit sur le désespoir total, la détresse profonde, lorsqu’on se sent abandonné, suite à un décès, une séparation, ou autre…, c’est « la nuit noire de l’âme » disait E. Bach. Ces états de souffrance extrême, de descente aux enfers sont parfois l’occasion de faire place plus nette pour qu’affleure ce qui est profond et essentiel en nous. La fleur de châtaignier aidera à cette évolution.
Le groupe 3 concerne la relation que l’on entretient avec la réalité du monde extérieur :
HONEYSUCKLE (Chèvrefeuille) est la fleur du deuil, de la nostalgie, lorsque la personne ne peut investir une nouvelle situation après un événement traumatisant (décès, déménagement, mutation…) et qu’elle reste fixée sur le passé. A l’inverse CLEMATIS (Clématite) convient à la personne qui vit dans ses rêves et non dans la réalité qu’elle nie. Navigant dans un futur idéal, elle évite ainsi de s’impliquer dans sa vie et d’affronter les souffrances émotionnelles liées aux événements qui lui arrivent.
Ces fleurs et le travail de présence du yoga l’aideront à s’ancrer dans leur réalité quotidienne.
Les autres groupes (4, 5 et 7) concernent la relation avec les autres :
AGRIMONY (Aigremoine) du groupe 5 est indiquée pour la personne gaie, joviale en apparence mais cachant une torture mentale très forte.
Article d’Odette Bissardon, publié dans la revue « Trait d’Union » de novembre 2010. Cette revue est le journal semestriel de l’association IFYLCE à laquelle plusieurs professeurs de la salle sont rattachés.